Françoise, Sophie, Laetitia, Pascale, Paulette, Daniel, Yves et Christine sont au RDV , pile à 9H00 sur le parking de l'Ecosite des CNB à Vierves ce samedi 31 mai. Le temps est de la partie. La journée s'annonce belle et ensoleillée pour découvrir Vierves et la Calestienne.
Au matin, sur notre parcours longeant la voie ferrée où passe la locomotive à vapeur reliant Treignes à Mariembourg nous faisons quelques observations ornithologiques: hirondelles flirtant au-dessus d'une flaque, un rougequeue à front blanc perché dans le vieux verger …tandis qu’en botanique : des plantes assez banales comme la stellaire holostée, l’alliaire au parfum et au goût d’ail, l’hellébore fétide, le lamier jaune, le compagnon rouge, notre clou de girofle local : la benoîte commune, le sureau, ... et moins commun : le gaillet croisette caractéristique par son aspect vert clair et ses feuilles verticilées par 4, une petite station de raiponce en épi.
Ensuite nous marchons sur la voie ferrée où pousse le géranium Robert, avec des tiges bien rouges, (Géranium robertianum : qui vient de ruber = rouge) pour descendre au niveau du pont avec l'espoir d'y observer le cingle...à défaut de cingle nous y verrons beaucoup de julienne des dames. Ces grandes dames de la famille des Brassicacées sont blanches ou roses. Elles bordent joliment le Viroin.
Nous bifurquons en direction de Vierves et le château s'offre splendide à nos yeux. Le ciel est bleu et son clocheton se découpe finement dans l'azur.
Une petite pose insectes : papillons?... Insectes? Yves nous explique que le crachat de coucou est en fait une sécrétion mousseuse provenant de l'urine de la cicadelle qui protège ainsi sa larve.
Nous remontons le long du mur d'enceinte du château vers l'ancien lavoir pour y observer incrustés entre les pierres : la ruine de Rome, la fausse capillaire, le polypode vulgaire et une petite fougère : l’asplenium ruta-muraria. Tandis qu’au bord du chemin poussent le géranium mou et le découpé.
Un petit détour par l’ancien lavoir qui reçoit encore sous son toit en voûtes .... le ruisseau qui alimenta jadis tout Vierves. Un peu d'architecture, un peu d'histoire et nous voilà repartis vers le centre de Vierves pour y admirer la valériane rouge et le corydale jaune qui s'accroche aux murailles ainsi qu'un magnifique bouquet de campanules qui dépasse le jardin abandonné. Nous traversons le petit parc, du côté des pierres tombales maçonnées dans l'enceinte. Puis en appui sur le pont nous scrutons les hirondelles, bergeronnettes et calopterix qui s'ébattent au-dessus du cours d'eau. Retour à l'Ecosite pour prendre le pique-nique.
L’après-midi, en remontant vers la Réserve de Chamoussia, nous voyons le pavot de Californie, la mauve sylvestre, une belle station d’épervière orangée qui surprend par l’intensité de sa couleur, la knautie des champs…souvenez-vous…le K2r=… K=knautie…2r= 2 rangées de bractées, plus loin la vesse des haies.
Un peu de grimpette pour parvenir à la pelouse calcaire du Chamoussia. C’est un beau plateau de la Calestienne qui domine la vallée du Viroin. Le petit train à vapeur signale bruyamment son passage mais l’équipe de naturaliste est bien décidée à déterminer quelques-unes de ces jolies plantes bien typiques de ce sol. La Flore Bastin est sortie et les clés de détermination suivies pour reconnaître la véronique officinale avec ses fleurs bleu pâle en épi, la pimprenelle, le polygala comosa, l’hélianthème commun, le genêt ailé avec sa tige caractéristique et le jaune ressemblant à un lotier !!! La pelouse est parsemée aussi de primevères officinales, de jolies graminées appelées amourettes et de grosses touffes de feuilles entourant de gros fruits. Ces dernières sont des colchiques qui ont la particularité de produire au printemps des feuilles et le fruit l’année suivante. Lors de la floraison en fin d’été, feuilles et fruits auront disparus.
Nous changeons de décor. Le Tansoi est bien boisé de bouleaux et de pins en majorité sans compter les essences arbustives, ligneuses ou lianes communes (viornes manciennes, prunelliers, aubépines, ronces, églantiers, clématite et dompte-venin). Une partie a été déboisée afin de favoriser la biodiversité. Un bel exemple de gestion réussie. Nous nous arrêtons sur cet espace ouvert parsemé de marguerites pour admirer les nombreuses platanthères, les magnifiques orchis bouc, les listères à feuilles ovales, l’hélianthème jaune, le salsifis des prés, l’ophrys insectifera, les globulaires. Et le filet à papillon servira 2 fois pour satisfaire notre curiosité : notamment la mélitée du mélanpyre.
L’heure tourne, nous reprenons le chemin du retour car il nous faut être à 18.30 au « Coup de cœur ».
Léon Woué nous y rejoint autour de l’apéro « florilia », fait maison. Il est délicieusement sucré et parfumé mais néanmoins bien alcoolisé. Le repas se passe agréablement. Pas de chance pour Daniel qui se trouve en bout de table. Il sera chargé du service.
Une petite balade digestive vers la carrière avec l’espoir d’y trouver le grand duc et ses jeunes. Et non, rien à signaler sinon un groupe de jeunes gens très bruyants.
Après une bonne nuit, un petit déjeuner au « Coup de cœur », nous reprenons les voitures car nous avons rdv avec Christophe Gruwier au Parc de Furfooz.
Dès notre arrivée nous grimpons rapidement jusqu’à l’endroit prévu et découvrons avec émerveillement la multitude de papillons nocturnes récoltés dans la réserve. Petit et grand sphinx, brocatelle… sont photographiés sous tous les angles avant d’être relâchés.
Après le départ de Christophe et son équipe, nous redescendons chercher le pique-nique en laissant Laetitia se reposer sur le plateau fortifié avec vue sur la Lesse et la falaise qui a abrité un nid de faucon pèlerin.
Le site de Furfooz offre un remarquable circuit de plus ou moins 4 kms. Non loin de Dinant, cette réserve naturelle de la Région Wallonne possède un patrimoine archéologique, naturel et géologique intéressant. Les parois rocheuses et bien ensoleillées accueillent des plantes et des insectes typiques des coteaux calcaires. Au niveau de la nature nous avons de quoi nous régaler en traversant des milieux naturels diversifiés : forêt, pelouses et rives de la Lesse.
Le site a été occupé sans interruption depuis le Paléolithique supérieur jusqu’au Moyen-Age. La Lesse a creusé, au fil du temps, tout le massif rocheux en laissant des grottes, des cavernes ou des trous. On y a découvert des traces d’occupation dès – 14.000 ans. Ces lieux se nomment : Trou du Duc, Puits des Vaux, Trou qui fume, Grotte de la Gatte d’or, Trou du Frontal. Tout le long du parcours des grottes et trous, cavités plus ou moins profondes sont visibles. Certaines sont occupées par des chauves-souris. Le Trou qui fume communique avec la Lesse souterraine et garde une température constante de 9°C. Ce qui provoque un phénomène curieux par grand froid : il fume. Le Chantoir des Nuttons : c’est là qu’une partie de la Lesse devient souterraine. Le puits des Vaux : c’est là qu’on retrouve la Lesse souterraine. Il y a un lac souterrain d’au moins 40 mètres de profondeur. Le Trou du Frontal : il doit son nom au premier os qui y a été trouvé. La grotte de la Gatte d’or : selon la légende, des habitants y avaient cachés leurs trésors dans une peau de chèvre.
Nous visitons d’abord l’établissement thermal qui a été reconstruit en 1958. Il date de la fin de l’époque romaine (3ème siècle après JC). Le bâtiment comprend les éléments traditionnels : une salle au bain chaud (caldarium), une salle au bain tiède (tepidarium) et une salle séparée au bain froid (frigidarium). L’ingéniosité est étonnante. La pièce principale est chauffée par hypocauste. Ce qui est un système comparable au chauffage central. Le foyer est allumé par l’extérieur sous une chambre voûtée. La chaleur obtenue circule dans des conduites murales et sous le plancher des pièces chauffées. La température peut atteindre 50° C au niveau des murs proches du bain chaud. La vapeur d’eau produite est recueillie au plafond voûté et prévu de cannelures qui laissent s’écouler l’eau refroidie le long des parois. Cela évite ainsi aux baigneurs de recevoir des gouttes froides. Les thermes sont remis en fonction régulièrement.
Sur le plateau jadis occupé par la forteresse romaine et médiévale où nous verrons quelques ruines de la tour, de la maison forte et du mur romain nous nous laissons imprégner par le charme de l’endroit tout en mangeant…Certains scrute le ciel et la falaise …verra-t-on le faucon pèlerin et ses jeunes comme Laetitia ? A défaut d’oiseaux il y a tout de même quelques espèces botaniques pour éveiller notre curiosité : oseille à feuilles obtuses, érodium, sarriette des champs (petit basilic), polypode vulgaire, ail à tête ronde, arabette hirsute, lunetière, hélianthème commun, silène enflé, silène penché, séséli, orpin réfléchi, pimprenelle, origan, minette, plantain moyen et lancéolé…plus loin : campanule à feuilles de pêcher, platanthère, cétérach, genêt des teinturiers, dompte-venin…
Nous poursuivons le parcours par le milieu forestier qui descend vers la Lesse. En bruit de fond les kayaks et leurs occupants…Bruit bien vite oublié car certains endroits sont très beaux, tels ceux autour des grottes, refuges à chauves-souris, avec une magnifique station de fougères langues de cerf…encore quelques groseillers, dompte-venin (des propriétés médicinales supposées de la plante pour lutter contre les substances toxiques), scrofulaire…et nous voici au bord de la Lesse pour une pause bien méritée à la buvette du parc. Ce sera une bière locale pour certain ou un kéfir de fruits rafraichissant.
La journée n’est pas terminée, nous reprenons le chemin de la découverte. La lunaire vivace pousse allègrement dans la clairière, son parfum de muguet est remarquable. Ses siliques allongées ressemblent aux siliques rondes de la monnaie du pape. Elles contiennent également une membrane translucide et brillante où sont fixées les graines.
Encore une ombellifère : le torilis du Japon. Nous passons par le jardin des abeilles. Il est sauvage et accueillant pour la faune. Au rucher, un passage vitré nous permet d’observer le comportement de nos pollinisatrices domestiquées. Une belle station de brunelle avant notre arrêt pour lire le panneau explicatif du jardin.
Plus loin nous avons la chance de prélever dans le ruisseau des larves de salamandre. Leurs branchies sont encore bien visibles.
Au sortir du parc, encore une orchidée mais qui ne fait pas de chlorophylle : la neottie nid-d’oiseau.
Et devant le chalet d’accueil : un parterre d’aconit tue-loup. Aconitum : n.g. des aconits désignant en latin et en grec une plante vénéneuse servant à empoisonner les loups.
On regagne sa voiture pour rechercher un café. Finalement nous échangeons sur le WE autour d’un verre ou d’une tasse au pied de l’Eglise Saint Hadelin.
Merci à tous et à toutes pour votre bonne humeur et votre curiosité tout au long de ce beau WE !!! Christine et Yves